AUGMENTATION DES FRAIS DE PÉAGES AU TOGO SUR FOND D’OPACITÉ DANS L’ENTRETIEN ROUTIER
Dans l’une des communications au conseil des ministres en date du 23 décembre 2020, le gouvernement de Madame Victoire Tomegah DOGBE a fait connaitre sa volonté d’augmenter les frais de péages à ses clients habituels qu’étaient les véhicules légers, les camions et de les étendre aux usagers des motocycles et tricycles. Il s’agit, pour l’Etat, de répondre aux « enjeux d’entretien et de modernisation de notre réseau routier ». Le gouvernement fait savoir que le besoin en financement de l’entretien routier chaque année s’élève à environ 30 milliards contre une mobilisation réelle de fonds sensiblement égale à 17 milliards. Il y a donc un gap de 13 milliards à combler. L’entretien routier au Togo est délégué, depuis 2012, à la Société Autonome de Financement de l’Entretien Routier (SAFER) créée par le décret n° 2012-013/PR du 26 mars 2012. C’est un établissement public, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière et administrative. La SAFER est de ce fait le bras financier du gouvernement dans l’entretien et la modernisation du réseau routier dans notre pays. Le gap financier constaté par le gouvernement se doit d’être résorbé afin que l’entretien routier soit optimal sur la terre de nos aïeux. C’est dans ce souci que les cadres de la SAFER ont proposé au gouvernement la piste « du relèvement des tarifs des péages ainsi que la mise en service de nouveaux péages » de même que « l’instauration d’une contribution annuelle des usagers (vignette automobile) destinée à l’entretien routier. Cette contribution perçue annuellement pourrait s’appliquer à l’ensemble du parc automobile togolais comprenant à la fois les véhicules légers, les camions et les motocycles ». La décision de relever les frais de péages et de les étendre aux autres usagers n’a pas laissé indifférents les togolais et pour cause. Plusieurs interrogations restent sans réponses. Que met-on dans « entretien routier » ? Quelles routes sont entretenues au Togo et quelle durée pour le compte de la SAFER ? Comment et par qui sont organisés les appels d’offres pour l’entretien routier ? Quelle est la contribution réelle de chaque poste de péage ? Le contribuable togolais continuerait des interrogations à n’en point finir autour de la SAFER afin de priser la glace qui entoure la gestion de cette structure de financement de l’entretien routier. Quand l’on se réfère aux chiffres publiés par la SAFER et à titre d’exemple, de 2013 à 2017 soit cinq ans après sa création la SAFER a contribué à l’entretien de 7849 km de routes et pistes rurales. C’est plus de 13 fois, à vol d’oiseau, la route Lomé-Cinkassé. C’est une performance très louable mais encore une fois quelles routes sont entretenues ? Etend donné que depuis l’avènement du Président Faure GNASSINGBE au pouvoir en 2005 les routes faites au Togo l’ont été pour une large part le fait de la contribution de nos partenaires techniques et financiers que sont le FMI, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, le PNUD, la BOAD, la Chine et autres. Y aurait-il double emplois dans l’entretien et la modernisation du réseau routier au Togo ? Les togolais veulent savoir où vont réellement les fonds perçus au niveau des plus d’une dizaine de nos postes de péages qui maillent l’ensemble du territoire national. Il est donc grand temps qu’après tant d’années de gestion de la SAFER le gouvernement, au lieu de procéder à des augmentations des droits de passage, au risque de créer d’autres sources de mécontentement, devrait procéder à une analyse complète du fonctionnement de cette régie financière afin d’éliminer les goulots d’étranglements et maximiser la mobilisation des fonds susceptibles de satisfaire les besoins d’entretien et de modernisation des routes togolaises. Edgar WALLA pour telecharger votre journal cliquez ici