Le pangolin : menace d’extinction
Le mammifère originaire d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, le pangolin est sérieusement menacé de disparition. Depuis 2017, entre 400.000 et 2.700.000 pangolins sont chassés chaque année dans les forêts de l’Afrique Centrale. Ces chiffres sont issues d’une étude faite par la Société pour la biologie de la conservation.
Une situation alarmante
Depuis une dizaine d’années l’Asie a cessé d’être la principale source d’approvisionnement du pangolin en raison du déclin de ses effectifs. L’Afrique et principalement le Nigeria, le Cameroun, la Guinée et le Liberia en sont devenus les premiers fournisseurs, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. En juillet 2017 par exemple, trois tonnes d’écailles de pangolin avaient été saisies en Côte d’Ivoire. Les trafiquants venaient des forêts ivoiriennes, de la Guinée Conakry et du Liberia. D’après le Réseau EAGLE-Côte d’Ivoire, c’est plus de 4 000 pangolins qui ont été tués pour pouvoir réunir ses 3 000 kg d’écailles.
Pour l’Agence des États-Unis pour le développement international, entre 650 000 et 8,5 millions de pangolins ont été arrachés à leur environnement entre 2009 et 2020 dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg, car d’après Interpol, les autorités ne parviennent à mettre la main que sur 10 à 20 % du trafic.
Il faut aussi ajouter que le Kenya est une plaque tournante du trafic continental du pangolin. Depuis 2021, il a enregistré 20 cas de saisies de pangolins dans ses aéroports. « Les cas que nous avons vus dans un passé récent comprennent une belle valise dont on s’attend à ce qu’elle contienne des costumes, des vêtements et des robes et pourtant elle est pleine d’écailles de pangolin. Nous avons également été témoins d’un cas où un conteneur prêt à être expédié contenait des pangolins, congelés, morts, mais des pangolins entiers », a expliqué Benard Agwanda, chercheur scientifique aux Musées nationaux du Kenya.
Pourquoi cette menace ?
Selon l’organisme Sauvons la forêt, les écailles du pangolin auraient des vertus thérapeutiques. Au Togo, elles sont utilisés par les populations de la région des plateaux pour éloigner les mauvais esprits et guérir les malades. Il faut ajouter que la Chine et le Vietnam sont très demandeurs d’écailles de pangolins. Selon ces pays, elles sont réputées agir sur l’arthrite, les ulcères, les tumeurs et les douleurs menstruelles. Et pourtant, ces vertus ne sont jamais établies scientifiquement.
Que faire ?
« Le pangolin est sur le point de disparaître de notre planète, mais il est encore temps d’agir si nous voulons la sauver de cette mort silencieuse » a déclaré Mark Hofberg, responsable des campagnes du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Dans ce sens, plusieurs actions sont entreprises.
La journée mondiale du pangolin est célébré dans l’optique de lancer l’alerte sur la menace qui plane sur cet animal. Au Togo, l’article 761 du nouveau code pénal, sanctionne toute personne qui détruit ou fait le commerce direct ou indirect sans droit d’espèces animales ou végétales. La peine va d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un à cinq millions de francs CFA.
Depuis 2020, Pékin a interdit le commerce et la consommation d’animaux sauvages. Il a aussi retiré les ingrédients issus du pangolin de la liste officielle de sa pharmacopée. Le mois suivant, Hong Kong, plaque tournante du commerce international des espèces animales menacées, a de son côté fait du trafic d’animaux sauvages un crime organisé.
Malgré les différentes mesures prises, des d’efforts doivent encore être fournis. Il sera question de réduire sur le marché la demande de produits issus du pangolin. De même, plusieurs pays en Afrique doivent s’armer d’un arsenal législatif pour protéger l’espèce. Les pays d’origine, de transit et de destination du trafic doivent coopérer au niveau régional pour faire tomber les parrains de la contrebande.
TCHADJA Yao